jeudi 30 janvier 2014

Anticipation logique.

Défilé du 14 juillet 2014.


mardi 28 janvier 2014

Art et technologie.



"J

                                                   Joan Fontcuberta
                                                    Google- artiste.



lundi 27 janvier 2014

Indigne.

Ce dimanche 26 janvier je suis d'humeur rageuse espérant n'être pas seule. Que quelqu'un , quelqu'une, va se manifester autrement que par des réactions épidermiques sur le Net...
C'était la journée anti-Hollande où défilaient, poils hérissés, des mécontents de toute nature critiquant l'action du Président.
Ici pas question de politique.
Ces jours derniers on parlait beaucoup de la vie privée  de Hollande et cela m'a laissée relativement indifférente . Mais là, c'est à nous qu'il s'adresse, comment accepter ce communiqué qui ressemble à un irrespectueux faire-part de décès!
"Je fais savoir que j'ai mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler".
Ce "Je" ! Quel goujat!
Cette formule est lapidaire au sens propre du terme .
Comme beaucoup d'entre nous je n'avais pas de sympathie particulière pour la compagne du président et son orgueil démesuré affiché dans ce pseudo-statut de première  dame. Mais peut-on ne pas réagir à une telle offense de la part de son "illustre" compagnon?
Alors que tant d'associations féminines œuvrent pour les droits des femmes peut-on laisser passer cette énormité ? On peut comprendre  que le "nous" n'ait pas remplacé le 'je" en cas de désaccord du couple sur les suites à donner, mais il y a suffisamment de conseillers en communication pour avancer une formule claire et neutre.
Voilà l'ex-favorite qu'il nous avait imposée cruellement répudiée devant le monde entier. Etre un Président avec tout ce que cet "emploi" sous-entend, en termes de représentation n'empêche pas d'être un mufle.
Je veux bien que l'on sépare vie privée et vie publique il n'en demeure pas moins que l'homme est méprisable.


dimanche 26 janvier 2014

Conversation – 10 – avec Cora.



- C’est gentil de m’avoir amené ces  belles pêches. Elles étaient amères l’été 1939 quand je les croquais en lisant affiché sur le mur de la mairie l’ordre de Mobilisation Générale. J’étais au premier rang d’une foule d’adultes muets de consternation.
- Tous les pourparlers politiques avortés des années précédentes auraient  pourtant dû les alerter.
- Bien sûr, les gens avaient peur mais se maintenait la croyance que la guerre 14-18 était « la der de der » et jusqu’à l’envahissement de la Pologne personne ne voulait croire dans la possibilité d’un autre conflit.
- Dans le sud vous étiez moins exposés comment avez- vous réagi ?
- D‘abord au choc de la défaite : comment était –ce possible ? Les chefs de guerre étaient donc des incapables ? Et nos « vaillants soldats » prisonniers en masse ? Et la population civile n’était plus épargnée ? Je pense que l’esprit critique s’est vraiment développé à ce moment, la presse et la radio fortement remises en question, on savait, impuissants, que ce n’était pas de l’information mais de la propagande. Le début du manque de foi dans les politiques et les militaires : on n’y croyait plus.
C’est vrai que dans le sud nous n’avons pas subi les bombardements. Nous en avons eu particulièrement  conscience au moment de l’Exode. Cette horde de malheureux, pauvres gens qui avaient subi de véritables déluges de bombes faisant de nombreuses victimes parmi femmes et enfants. Les rescapés des bombardements se retrouvaient sans toit, ayant perdu tous leurs biens et  ne pensant qu’à fuir cet enfer. Triste cortège ininterrompu de véhicules hétéroclites se trainant  sur les routes, direction sud, cortège  de  fuyards pathétiques, affamés, se terrant dans les fossés quand l ‘aviation ennemie, en rase-motte les tirait comme des lapins.
Mes parents avaient avant la guerre habité la Normandie, à Goderville près d’Yvetot, c’est dans ce gros bourg qu’ils faisaient leurs courses et s’étaient fait des amis. Ils fréquentaient un couple de pharmaciens qui  tenaient leur officine avec leur fille aînée, la cadette vivant de son art, la peinture. J’étais  alors un bébé mais plus tard j’ai toujours entendu parler de la famille Jacob en particulier des « Demoiselles Jacob » qui,  plus tard m’étaient données en exemple. Mes parents entretenaient avec elles une correspondance suivie. Quelle a été leur surprise de voir arriver dans une voiture poussive et délabrée « les Demoiselles Jacob » !  Elles avaient mis des semaines de misère  sous les bombardements pour venir  se réfugier dans le Béarn et se trouvaient dans une grande détresse  venant chercher asile et réconfort près de nous. Lors de la grande vague de pilonnage ennemi sur Rouen leurs parents avaient été ensevelis  avec tous leurs biens sous les décombres de leur pharmacie. Les deux jeunes femmes avec d’autres jeunes sans abris avaient été recueillies par une association d’aide. On leur demandait, en contre partie d’une  soupe quotidienne, équipés de brouettes, de rechercher les débris humains dans les ruines  fumantes de Rouen…
- Mais c’est horrible ! Mais elles ont pu fuir puisqu’elles avaient une voiture…
- Oui, miraculeusement préservée dans son  garage et dans cet exode où elle faisait des envieux. Elles se sont battues pour la conserver  et se procurer de l’essence. Deux jeunes femmes dans cette marée humaine où  il  fallait être nuit et jour  sur ses gardes chacun luttant  désespérément pour sa survie. Elles embarquaient suivant l’urgence un vieillard, une mère avec son bébé …
Puis l’armistice a été conclu et la France séparée en deux. Nous nous trouvions en zone « occupée » et, de surcroit, frontalière avec la zone « libre ». Dans notre petite ville sept mille habitants, sept mille soldats allemands en permanence ! Comment te faire réaliser l’horreur qui nous a saisis à l’arrivée des troupes d’occupation quand les rangs impeccables de jeunes soldats, vainqueurs arrogants chantant à tue- tête, ont défilé sous leur  drapeau haï dans les rues au rythme de leurs lourdes bottes noires…
 Nous allions l’entendre pendant quatre ans le bruit odieux de ces bottes.
- Vous sortiez de l’enfance, vous avez du avoir une adolescence difficile.
- Tu m’amuses quand je pense au sens de cette expression aujourd’hui. Nos difficultés étaient d’un autre ordre. Morales d’abord. Imagine cette ambiance de défaite, cette tristesse généralisée par la vue de tous se ces vainqueurs  omniprésents qui avaient sur nous pouvoir de vie et de mort. Et le manque, le manque de tout. Toute notre famille se trouvait en zone libre et nous en étions séparés, sans nouvelles. En face des réquisitions en tout genre le manque de liberté de pensée et de mouvement, le manque de nourriture… Nous avions toujours faim. Les mères géraient les  rares tickets du rationnement. Je me souviens des soupes d’orties, des champignons grillés et de trop rares rutabagas…
Nous étions scolarisés dans un vaste complexe éducatif, avec différents  bâtiments, primaire garçons, primaire filles, secondaire mixte, de grandes cours arborées et surtout un énorme préau. Le préau a été immédiatement réquisitionné pour installer la boulangerie des troupes. Le matin nous rentrions en classe l’estomac vide dans une odeur de pain frais qui  nous mettait les larmes aux yeux. Sans avoir à être briffés par les adultes, mais conscients de leur exemple, nous passions la tête haute sans un regard pour ces mitrons qui parfois tendaient un quignon. La seule à accepter et même solliciter était la superbe Nadia  Chabaline. Nadia faisait partie  des descendants d’une colonie de russes blancs installés au village depuis 1917. Nous avions d’excellents rapports avec ces camarades jusqu’au jour de l’occupation ou par haine des communistes  qui avaient pris le pouvoir dans leur pays, ils étaient devenus hitlériens. Personne ne parlait plus à Nadia ni a ses frères, sales collabos…
- Cora vous m’avez dit un jour ne pas aimer l’Histoire et pourtant vous l’avez vécue.
- Ce que je t’ai dit se réfère à nos premiers contacts scolaires avec les allemands. Quand les officiers entraient dans les classes à l’improviste, nous devions nous lever. Un jour deux de ces « vert-de-gris » gradés nous ont  demandé brutalement de leur montrer nos manuels. Dois-je te rappeler qu’à cette époque les livres étaient chers, rares, et que, seuls, ils  étaient pour nous le seul moyen de connaître le monde  et contenaient tout son savoir ? Nous leur vouions le plus grand respect. Les deux schleus, S.S impressionnants, ont inspecté tous les ouvrages regardant en priorité quels en étaient  les auteurs. Tout à coup,  en gueulant,  ils ont ramassé tous nos livres d’histoire :-«  Isaac et Mallet », juive propagande » !!!
Avec nos maîtres ravalant leur colère on nous a fait sortir dans la cour, au milieu ils ont entassé nos chers livres et y ont mis le feu sous nos yeux horrifiés. Quelques jours plus tard les deux mêmes boches nous ont distribué des livres d’histoire d’auteurs allemands, traduits dans un français de propagande. Une honte. Rends-toi compte les événements des siècles passés vus par l’ennemi  laveur de cerveaux! Au bord de la nausée nos enseignants ont décidé d’interrompre l’apprentissage de l’histoire. Je t’assure qu’après une telle mésaventure nos jeunes esprits  n’ont pas eu  besoin d’être formés  à la relative vérité historique,  à déceler le discours propagandiste et considérer l’information au second degré !
- Avez-vous d’autres souvenirs scolaires ?
- Ah ! Oui ! Le fameux « Maréchal nous voilà » que les maîtres avaient ordre de nous faire chanter et que nous braillions en yaourt le jour où ne  pouvions invoquer d’angine rouge fictive.
Mais ce qui nous a terriblement marqués c’est le jour où certains de nos camarades sont arrivés en 
classe avec l’étoile jaune cousue sur leurs vêtements. Elle paraissait énorme sur leurs  torses enfantins.  Nous ne nous préoccupions  pas de l’appartenance religieuse de nos camarades, nous cohabitions dans la plus grande tolérance, catholiques, protestants, juifs et orthodoxes…Dans ma classe, il n’a y avait qu’une juive, justement ma meilleure amie, Rachel.  Elle se tenait sur le seuil, honteuse, comme si elle n’était pas  la victime de cet abominable ostracisme, n’osant pas pénétrer dans la classe où nous étions déjà entrés. Je ressens encore notre stupeur, notre incompréhension. Cette enfant charmante isolée marquée comme un animal malade à éviter. Je ne me rappelle pas avoir réfléchi, dans un silence pesant je suis allée la chercher et la  tenant par la main je l’ai faite asseoir à côté de moi. La vie nous a permis de nous retrouver à différents époques et endroits et chaque fois Rachel me serrant dans ses bras évoquait ce moment qu’elle avait perçu comme héroïque, en me manifestant une reconnaissance un peu gênante.  A propos de Rachel…
…Mon père était divorcé ce qui était une tare à l’époque. Cela rejaillissait sur moi,  doublement à côté de la norme parce que fille unique ET  de divorcé. Pensant alléger mon handicap social  et me faire rentrer dans le rang mon père en rajoutait. Lui même athée Il avait insisté pour quel je fasse ma communion solennelle puis que je suive  le « catéchisme de persévérance » qui était censé nous procurer quelques notions de théologie. En fait il fallait vraiment de la persévérance pour supporter le rabâchas de la vieille fille aigrie au cou fripé enserré dans un velours noir. Un jour elle me demande de monter sur l’estrade, face à mes camarades, pour, je le suppose, une interrogation. Elle prend ma place : - «  mademoiselle est-il vrai que vous avez une amie juive ? » -«  OUI. » - « Alors vous devez choisir le catéchisme ou « la juive ». J’ai  sauté de l’estrade et quitté la salle  avec un joyeux ; -«  Au revoir tout le monde ! ». Quand je suis rentrée à la maison  et que j’ai annoncé que la « persévérance » c’était fini et pourquoi, mon père  n’a eu qu’un mot : «   Bravo ! ».  Bien entendu je n’ai pas  mis Rachel au courant de l’incident.
J’avais perdu Rachel de vue depuis  des années. Un dimanche de vacances et de retour aux sources je la rencontre  dans la rue principale, devant l’église. Embrassades fougueuses. Mariées, mamans toutes deux nous avions mille choses à nous dire. Je veux l’entrainer sur la terrasse du café proche « - Non, tout à l’heure, maintenant je vais à la messe » et devant mon air ahuri elle ajoute : -«  Pendant l’occupation  quand nous sommes passés en zone libre nous avons été recueillis par un prêtre merveilleux et je me suis convertie ». Je l’accompagne jusqu’au porche de l’église : –«Excuse moi, je ne  vais pas à la messe mais quand elle sera finie viens me rejoindre au café, j’ai une anecdote à te raconter »…
- L’anecdote tu la connais et je te laisse méditer sur la malédiction des dogmes dans l’humaine destinée, pendant que, excuse moi si je te bouscule, je file à l’aquagym.

Grosse fatigue.

HIER, J'AI DIT À MON MARI ENTREPRENANT :

« EST-CE QUE ÇA TE TENTE DE JOUER AU DOCTEUR ? »

IL A RÉPONDU, TOUT EXCITÉ : « BEN OUI! »



JE L'AI FAIT ATTENDRE 1 HEURE DANS LE SALON, PuIS ENSUITE, JE LUI AI donné rendez vous dans 6 mois ...

vendredi 24 janvier 2014

Pessimiste avenir.





Quand je suis allée à Tadoussac le chemin qui menait au Musée de la mer était bordé, à la gauche du visiteur, d'une suite de petites colonnes de 150 centimètres de haut  espacées d'une dizaine de pas. Un tableau représentant un animal d'une espèce en péril était posé, bien en vue, sur chacune d'entre elles.
On cheminait ainsi vers l'entrée en prenant conscience de la gravité de la situation des espèces vivantes. Sur la dernière colonne, à la place d'un tableau, était un miroir... dans lequel se reflétait son propre visage.
Démonstration extrêmement efficace.

Ici et dans l'immédiat, un drame social peut se produire pour lequel nul n'est à l'abri :



Gorafisons-nous;

Dernière minute:
"Julie Gayet aurait commis une erreur des plus insolites hier soir tard dans la nuit. Alors qu’elle descendait de chez elle pour rejoindre M. Hollande censé venir la chercher, l’actrice se serait trompée de personne et aurait embarqué à bord d’un scooter Domino’s Pizza, prenant le simple livreur pour le Président."

mardi 21 janvier 2014

Conversation -9- avec Cora.




- Bonjour ma Jolie, j’ai envie de faire un saut dans le temps et de t’amener dans ma guerre de 39-45.je dis « ma » parce que mes souvenirs ne correspondent pas forcement avec ce que tu as appris de cette époque terrible  -
- J’espère que plus tard vous voudrez bien combler la période d’entre deux guerres avec d’autres souvenirs de la génération de vos parents ?
- Tu as raison, il n’y a plus de vivants de leur génération, et je ne risque pas de choquer leurs contemporains… ni les miens d’ailleurs ! C’est vrai je suis maintenant entourée  de plus de morts que de vivants, plus personne n’a connu ma jeunesse. Laisse-moi rire : je fais  dans mon grand âge partie des chefs d’œuvre en péril !  Ce qui me gêne  c’est qu’à propos de ces faits récents je dois  te parler de moi-même plus que dans nos précédents entretiens.
- Allons, ma chère Cora, pas de fausse pudeur. Alors comment cela a-t-il commencé ?
- Assieds- toi confortablement et laisse moi fermer les yeux.
Ce dimanche de l’été 1936 est somptueux …
La station thermale baigne dans une chaude lumière qui magnifie son jardin public .Des massifs de roses ,des canas géants, des hortensias roses et bleus éclatent sous les prunus violets .Une allée de saules mène au bassin, jets d’eau fusant sous les pieds d’un jeune faune  de bronze symbole parfait de ce moment d’allégresse naturelle et de parfaite paix ambiante. Des élégantes  promènent leurs robes blanches et leurs capelines pastel,  prennent place sur les bancs de bois peints en vert, lisent un roman, surveillent de petits enfants joyeux qui se poursuivent en riant. Il est bientôt midi et les messieurs sont déjà installés à la terrasse du  Café Trianon devant des Pernauds opalescents. L’orchestre a pris place sur l’estrade qui sépare la terrasse de l’intérieur du café où quelques tables de bridge, un billard attendent les amateurs…
La grosse horloge encastrée au-dessus de la porte centrale du vaste bâtiment de style mauresque chante les douze coups de midi.
Dès les premières mesures d’un paso-doble endiablé les dames et les enfants se dirigent vers le  Café Trianon, les petits courant demander leur grenadine et se précipitant sur la sphère du distributeur de cacahuètes dont le tiroir métallique avec un joli clic délivre ces gourmandises contre une pièce de monnaie.
Les dernières curistes de la matinée sortent  de l’Etablissement Thermal enveloppées de leur  peignoir  immaculé, avant de  rejoindre leurs hôtels.
On papote un peu sur le perron :
-Que faites-vous cet après-midi ?
-J’hésite, peut-être un golf où si le soleil est trop fort j’irai, sous le parasol broder des  « smocks » à l’Atelier de travaux de dames de l’avenue du Parc.
-Moi, je suis trop lasse, j’en suis aux bains complets en eau- mère salée, en plus  c’est l’époque de l’ovulation et j’attends mon mari ce week-end.
Les eaux de la Station soignent la stérilité, beaucoup de dames sont exaucées dans leur désir d’enfant. Miracle de la cure, des visites maritales, des quinze médecins en activité dans la station, ou du groupe de beaux et jeunes célibataires locaux  qui papillonnent autour des plus jolies comme un essaim d’abeilles devant un pot de confitures. Conséquence logique : les jeunes filles du bourg sont considérées comme les plus sages du canton et personne ne se préoccupe de savoir si c’est par frustration… Ici c’est  « la curiste d’abord ». Il faut que dans l’année on puisse afficher le plus grand nombre de faire- parts de naissance. On dirait que l’évêché s’est mis de la partie puisque le chanoine Aibrun a été désigné à la tête de la  paroisse. Le beau chanoine Aibrun ,si éloquent, qui chante la messe d’une voix chaude, émouvante, le très aimé chanoine Aibrun tellement indulgent aux péchés du monde que c’est un plaisir supplémentaire que d’aller à confesse .
 Puis on se disperse. Certains se dirigent vers le « Grand Hôtel  Du Parc». Ce véritable palace est la gloire de la station. Certes, il y a d'autres hôtels de standing, il y a aussi de nombreuses pensions de famille même des chambres meublées en tout genre, mais le grand hôtel !
Chef-d’œuvre de la fin du XIXème il ressemble à un vaisseau rutilant voguant sur des massifs fleuris. On gravit un monumental perron puis on pénètre dans un  hall somptueux. Il est flanqué aux deux extrémités de cheminées monumentales. Quelle que soit  la saison on y brûle de véritables troncs d’arbres  portés par des valets en livrée à gilet rayé noir et or. Ces valets très nombreux traversent discrètement le grand hall et courent dans l’escalier à double révolution qui mène aux chambres. Chacune décorée avec un goût exquis donne sur le couloir  intérieur ovale, en mezzanine, qui surplombe le hall. Ainsi la lumière descend directement des vitraux multicolores de la verrière en coupole chatoyant sur le parquet ciré du rez- de- chaussée.
Cette vaste salle de style anglais marie le cuir des fauteuils club, à l’acajou des petites tables basses et à l’écossais des tapis moelleux. On peut y apercevoir quelque célébrité. Madame Lebrun, l’épouse du président de la République, très discrète, et un jeune homme rondouillard dont on assure qu’il est « le » couturier parisien après Poiret, il s’appelle Christian Dior. Il promène, la mine morose entre sa mère qui ressemble à une momie inca et sa jeune nièce aux boucles blondes dont l’activité principale est de tourmenter les jolies femmes de chambre en blouse rose. Les directeurs de l’hôtel,  un couple de personnes âgées aux cheveux de neige et leurs deux  filles tout aussi élégantes et curieusement aux cheveux  tout aussi immaculés donnent, réunis dans la loge des soirées de gala, l’illusion d’un tableau de Watteau.
La terrasse du Trianon se vide maintenant à l’exception d’un couple  tendrement enlacé, tangotant sur le dernier morceau de l’orchestre.
De la musique il y en aura encore, cet après-midi dans le kiosque vert tout enrubanné de glycines qui trône au milieu du jardin public. Annette la chaisière, disposera les chaises de fer repeintes chaque saison pour ceux qui préfèrent ce confort à la promenade circulaire sur le gravier blond qui roule sous les pas.
Et encore ce soir au Casino, on dansera, on jouera, on boira : il ne faut pas perdre un moment de plaisir! Au Casino, il y a un cinéma, un théâtre, des salles de jeux, une vaste salle de bal  parquet marqueté, aux peintures murales art déco avec de noirs musiciens cubistes qui semblent danser aussi dans la lumière de l’énorme lustre de cristal. Les dames seront en robe longue, les messieurs en smoking et s’ils sont seulement en costume noir trois pièces ils arboreront un gardénia à la boutonnière. Tino, cheveux noirs calamistrés à la gomina argentine et danseur mondain, invitera les esseulées …
Brave Tino qui s’acquitte de sa tâche avec un détachement aimable qui peut passer pour une preuve de sa bonne éducation. Ce même Tino s’amuse vraiment avec les petits puisque son contrat prévoit qu’il doit animer les après-midi enfantines. Dans cette période insouciante il était normal que les enfants s’amusent aussi et Tino y réussissait à merveille. C’était pour nous des jeux, des danses, des chants, des cotillons, des déguisements et parfois des lâchers de ballon, que même les grands de dix ans et plus, sortant de la piscine toute proche, venaient admirer en criant avec les petits émerveillés : « plus zaut  ,plus zaut ! ».
L’après-midi, la chaleur augmentant, s’annonçait calme et douce entre deux divertissements.

Tout à coup dans un grand bruit de ferraille des  autocars déglingués débouchent sur l’Avenue du parc. De loin ils paraissent bondés et sur les toits brinquebale une énorme masse de paquets mal arrimés. A la rencontre de cette étrange caravane accourent Monsieur le maire et divers notables de la commune, ils indiquent au chauffeur hébété la direction du stade :
- Vous ne pouvez pas stationner ici au centre de la ville, vous ferez descendre vos passagers sur le terrain de communal. Il faut parer au plus pressé.
- Mais les enfants ont faim et soif.
- Ne vous inquiétez pas on s’en occupe.
Quelques curieux arrachés à leur sieste  qui ne comprennent rien à ce qui se passe regardent redémarrer les lourds véhicules immatriculés en Espagne, des murmures courent :
- Ce sont des rouges, mon Dieu, des Révolutionnaires ! 
Monsieur le maire informe et rassure expliquant qu’il s’agit de malheureux réfugiés en majorité des femmes et des enfants.
- Ces malheureux ont été bombardés. Vous en saurez plus en vous rendant au stade avec  tout ce que vous pouvez  offrir à ces pauvres gens.
L’information court de bouche à oreille, incompréhensible, impensable,  ces gens ont été bombardés, un bombardement ? Où, mais par qui, comment ? il n’y a pas eu de déclaration de guerre ?
L’autobus a déversé pêle-mêle sur la pelouse du terrain de rugby son chargement humain et les ballots où chacun a entassé ses biens les plus précieux.
Le spectacle est désolant, il y a là une majorité d’enfants, sales hébétés, des femmes au visage torturé serrent contre elle des bébés qui hurlent. Quelques hommes âgés, des infirmes se tiennent à part, silencieux tête basse. Les villageois,  profondément choqués, essayent de se rendre utiles. Il faut du lait, beaucoup de lait. Mme Rolou l’institutrice, qui ne manque jamais une occasion de se distinguer, ordonne que le lait soit bouilli, Hector le coiffeur, au bon sens pratique, suggère que vu l’urgence il vaut mieux porter trois litres de lait frais qu’un pasteurisé ! Chacun court de sa maison au stade, essaye de se rendre utile portant nourriture et boissons. Pendant que les enfants se restaurent les questions fusent :
- D’où venez –vous ? Que s’est-il passé ?
La gorge serrée une femme s’écrie :
- Guernica        bombardeo, muchos muertos !           Los aviones alemanes !
- Les avions allemands !
Un frisson …les allemands, là, tout près, et ces petits enfants, le visage poussiéreux rayé de larmes... La majorité d’entre eux n’est pas accompagnée d’adultes. Ils ont perdu leurs parents dans le bombardement, ils se serrent les uns contre les autres, le regard affolé.
Seul le chauffeur d’un des autobus parait avoir suffisamment de sang- froid pour être un interlocuteur valable. Monsieur le maire lui explique qu’il faut un peu de temps pour organiser des secours et que ce soir il faudra dormir à la belle étoile. On portera des couvertures. Et demain ? A propos où pensent-ils aller demain ?
- Nulle part, plus d’essence, pas d’argent, nous sommes arrivés.
Madame Langlois, la boulangère, qui chante si bien à la messe le dimanche, prend la parole d’une voix forte et vibrante :
- Quelle est la mère de famille qui accepterait une pareille horreur ? Il suffit de quelques foyers volontaires pour résoudre le problème. Le garde-champêtre va avertir tout le monde et j’attends ici ceux qui peuvent recevoir ces malheureux.
Pour les petits orphelins le drame continuait, cependant les familles d’accueil faisaient tout leur possible pour ne pas séparer les frères et les sœurs.
Ces enfants, traumatisés, ne comprenant pas le français, se débattaient, hurlaient quand on voulait les laver, les nourrir, au moindre bruit de moteur  se précipitaient  sous la table où ils se sentaient plus en sécurité.
De longues années plus tard certains  parlaient  encore un français approximatif, formaient une communauté solidaire dans le souvenir de leurs jeunes vies brisées.
La ville avait subitement perdu son insouciance, ses certitudes et sa sérénité.
Et cela pour de longues années  à  venir.




samedi 18 janvier 2014

Petite gigue irlandaise...

                    Jouons aux limeriks, 12-12-8-8-12, aussi fous que possible :

 
VATICAN
La mule du pape ruminait sa vengeance
Rancunière est, dit-on, cette engeance.
Le nonce apostolique
Touriste- à la colique
Au diable récemment avait fait allégeance.




AU LOUVRE
Bras arraché avec le téléphone,
Et voilà ! La Vénus de Milo est aphone !
Sous la pyramide de verre
Les fleurs du mal en serre
Chantent gaiement dansant avec les faunes.




LIBERTE
La poule aux œufs d’or aujourd’hui fait la grève,
Lasse de l’esclavage qui rend la vie si brève.
Volatile captif d’humaine avidité,
En poule de luxe a muté.
Avec la cigale maintenant vit son rêve.




GUERRE ET PAIX
Au bout des suspentes pendouille le parachutiste,
Sa cible est là-bas : douce église Baptiste.
Au sol amarré le canon
A détruit la maison de Manon
Dans l’arbre préservé chante l’oiseau flûtiste.




PELERINAGE
Marchant joyeux sur le chemin de Compostelle
A la fontaine ils s’abreuvent près la stèle.
Les vaches qui mugissent au pré-vert
Font l’inventaire à l’envers
Aux péchés, remords, chagrins si lourds ils s’attellent.






CIRQUE
Le nez rouge du clown illumine l’arène
Fait rire de Monaco et le roi et la reine.
Le lion seul dans sa cage
Hume un mauvais présage
« L’Ouragan » princier dans les haubans se traîne…




VOL A VOILE
L’aile déployée du planeur dans l’ascendance
Fend le vol des buses légères en abondance.
Pourtant le soleil est caché
Derrière les nuages hachés
Dure sera la chute, et au sol la cadence.




CEPHALEE
Chauve souris roussette et poilue tête en bas
Tonsure ô désespoir du danseur de rumba
Cheveux dressés en épis
Mi-graine de genépi
Folle Ivresse de rhum du délicieux baba .

etc...etc..
                                                          A vous, les amis...


vendredi 17 janvier 2014

Défilé. La classe...

Informelle mais charmante la mode printanière des jupes imprimée.
Du meilleur goût. Faites votre choix:

 
Pour le moment, soyez patientes, ces modèles ne sont en vente qu'au Japon, mais Zara et Auchan se disputent la licence...


Progrès.

Il y a un siècle on apprenait à l'école primaire qu'il y avait quatre races d'hommes :
Les blancs, les jaunes, les rouges et les noirs.
On sait maintenant que tous appartiennent à la même race : l'humanité .
Cela réjouit particulièrement  les précurseurs en noir et blanc :




Et ceux que les différences n'empêchaient pas de s'aimer :



jeudi 16 janvier 2014

Conférence de presse.










 Euthanasie.



Notre Président nous a annoncé, comme d'hab, la mise en place de chantiers, de groupes de recherche, de commissions et d'enquêtes...
Une entre autres, avec mille périphrases, pour traiter du problème le plus commun, la fin de vie, puisque, comme dit l'autre, nous devons tous y passer...
Par contre il y a d'autres nouvelles plus réjouissantes:


mercredi 15 janvier 2014

Une belle langue, la notre.


Loin des vieux livres de grammaire,
Écoutez comment un beau soir,
Ma mère m'enseigna les mystères
Du verbe être et du verbe avoir.                    
Parmi mes meilleurs auxiliaires,
Il est deux verbes originaux.
Avoir et Être étaient deux frères
Que j'ai connus dès le berceau.
Bien qu'opposés de caractère,
On pouvait les croire jumeaux,
Tant leur histoire est singulière.
Mais ces deux frères étaient rivaux.
Ce qu'Avoir aurait voulu être
Être voulait toujours l'avoir.
À ne vouloir ni dieu ni maître,
Le verbe Être s'est fait avoir.
Son frère Avoir était en banque
Et faisait un grand numéro,
Alors qu'Être, toujours en manque.
Souffrait beaucoup dans son ego.
Pendant qu'Être apprenait à lire
Et faisait ses humanités,
De son côté sans rien lui dire
Avoir apprenait à compter.
Et il amassait des fortunes
En avoirs, en liquidités,
Pendant qu'Être, un peu dans la lune
S'était laissé déposséder.
Avoir était ostentatoire
Lorsqu'il se montrait généreux,
Être en revanche, et c'est notoire,
Est bien souvent présomptueux.
Avoir voyage en classe Affaires.
Il met tous ses titres à l'abri.
Alors qu'Être est plus débonnaire,
Il ne gardera rien pour lui.
Sa richesse est tout intérieure,
Ce sont les choses de l'esprit.
Le verbe Être est tout en pudeur,
Et sa noblesse est à ce prix.
Un jour à force de chimères
Pour parvenir à un accord,
Entre verbes ça peut se faire,
Ils conjuguèrent leurs efforts.
Et pour ne pas perdre la face
Au milieu des mots rassemblés,
Ils se sont répartis les tâches
Pour enfin se réconcilier.
Le verbe Avoir a besoin d'Être
Parce qu'être, c'est exister.
Le verbe Être a besoin d'avoirs
Pour enrichir ses bons côtés.
Et de palabres interminables
En arguties alambiquées,
Nos deux frères inséparables
Ont pu être et avoir été.                                  Yves Duteil

Et encore:
                                                                 

mardi 14 janvier 2014

Très brève de comptoir.

UN HOMME ENTRE DANS UN bar, BRANDISSANT UN FUSIL :
- JE VEUX SAVOIR QUI A BAISÉ MA FEMME !
UNE VOIX DU FOND DU bar :
- TU VAS MANQUER DE BALLES