vendredi 31 mai 2013

Au printemps dernier il y avait encore un soleil...





La plage.
Plein soleil, yeux mi-clos pointillisme à la Matisse.
Taches anis et framboise des parasols.
Play mobiles multicolores sautillants sur le rivage. Pâtés de sable blond et ballons rouges, écharpe d'écume aérienne, scintillements lointains, blanche caravane de voiliers au large; des bruissements, des rires et le tip top des balles dures sur les raquettes en bois...
Bavardage liquide sous les tentes rayées:
-Depuis que mon mari est mort, bla bla blabla
-Moi, vous savez l'euthanasie, blabla, blabla
Il est seize heures , dans l'air qui vibre se propage une onde appétissante:
-Beignets abricot, chocolat!
Puis à un intervalle décent pour les finances parentales, deux tons plus haut le cri attendu:
-La praline, la praline à Jojo!
Même la jeune sportive s’arrête, gourmande ; repart écouteurs aux oreilles, doublant les paresseux d'un trot dédaigneux.
Ce sont les marcheurs, appliqués à garder ce qui leur reste de forme, souvent des couples bodybuildés sur le retour, espérant tonifier leurs muscles affaissés.
Dans le sable humide un vieux monsieur tente une pompe congestionnée au dessus de la peau fripée de ses ex- biceps tremblotants.
A part quelques adolescents graciles, bon sang, que nous sommes laids!
Et voilà papa, le forçat de la poussette façon remorque de caravane avec parasols, sacs, bouteilles, il laboure son sillon galérant entre les corps rôtissant écrasés sur leur serviette.
En parallèle dans les bras de maman le mouflet cramoisi s'égosille, dans les ultra-sons de ses hurlements on croit entendre:
-Parents indignes! Je hais le soleil, la chaleur, le vent, l'odeur de l'iode, je rêve de biberonner au frais dans ma petite chambre avec mon doudou.
Vous serez bien capables, après les vacances, joliment bronzés, bien reposés, de minauder avec vos amis:
-Vous savez la plage, nous on y va pour le petit...

jeudi 30 mai 2013

mercredi 29 mai 2013

Morella au long passé.







 Des ouvrages d'art, des fortifications imprenables...









 Des ruelles à monter et descendre depuis des siècles...





J'aime particulièrement cette rue à arcades vide de chalands pour mieux imaginer ceux qui l’empruntaient autrefois...





Des  générations de belles au balcon ...






Et par endroits un petit air d'Italie.

mardi 28 mai 2013

Prison .




J’attache mon vélo à un arbuste desséché jailli du trottoir contre le haut mur gris sale dont la vue me donne  le frisson quelle que soit la saison.
Je sonne à la petite porte et j’attends. Montrer patte blanche, ouvrir le  sac, supporter l’odeur de la cigarette de papier maïs que le gardien- chef laisse pendre de sa lèvre lippue. Il me répugne. Je m’engage dans le couloir peint en vert caca d’oie derrière les charentaises traînantes du porte- clef qui, l’œil embué, me raconte les péripéties de sa procédure de divorce. Cause toujours, je me contrefiche de son histoire banale pendant que je pense méchamment : comment peut-on épouser un gardien de prison ?
A chaque porte le trousseau cliquette, le battant s’ouvre, nous passons, la lourde ferraille se referme en gémissant,  je ne m’y ferais jamais.
Combien de ces portes franchies avec ces profonds bruits  métalliques porteurs d’angoisse ? Le parloir est vitré de tous les côtés pour permettre au maton qui semble en alerte d’intervenir au moindre geste suspect. Je n’ai pas peur dans cette odeur douceâtre d’urine et d’eau de javel, seulement un énorme dégoût mâtiné d’un chagrin que je n’arrive pas à m’interdire. J’attends les détenus avec toujours avec la même sensation de gêne, moi qui jouis de ma liberté. Bien sûr, je la mérite… Une serviette bourrée de documents, une tenue très stricte sont censés compenser mon évidente jeunesse, provoquer un climat de confiance, enfin je le crois naïvement.
Pourtant celui que je viens voir n’est pas de ceux qui suscitent la compassion. Inculpé de viol. J’aurais pu refuser ce cas  des plus délicats pour une stagiaire mais il faut bien que j’apprenne à mettre en pratique  ce qu’on m’a appris : il n’y a pas de cause indéfendable même si le dossier est complètement à charge, les faits indéniables, dans tout être il y a une histoire douloureuse, une part d’humanité parfois bien difficile à trouver.
C’est tout le challenge.
J’étale sur la table de bois brut râpeux quelques éléments  de ce lourd dossier que j’ai étudié chez moi au bord de la nausée. J’interviens au titre de la commission d’office pourtant je n’ai pas l’impression de perdre mon temps et  m'occupe de ces affaires avec le même zèle que si je devais défendre un prétendu escroc bien nanti, l’amour du métier sans doute. Beaucoup de travail, pratiquement gratuit, mais ce cadre déontologique convient parfaitement à mon idéal professionnel. Je sais, certains vieux membres de barreau en ricanent ouvertement, soulagés de pouvoir échapper à cette obligation
D’après son état civil il est tout jeune mon client. Je pose  sur les entailles du bois l’habituel paquet de cigarettes auquel j'ajoute cette fois une plaque de chocolat, J’ai suffisamment d’empathie pour découvrir ce qu’il y a de défendable en lui.  Même si les circonstances sont parfaitement indiscutables je dois déceler ce qui peut expliquer, bien sûr sans l’excuser, son acte criminel.
Je  dois avoir confiance en moi.
De nouveau ce vacarme  des portes, joué dans l’autre sens qui m’agresse comme si j’étais moi aussi coupable et ne pouvais plus ressortir. Un gros maton  qui doit dépasser le quintal efface sa brioche pour laisser passer un tout jeune homme minuscule ; comment ne pas avoir pitié ?  Je me lève main tendue.Le détenu marque un temps d’arrêt, tout petit au milieu du parloir, maintenant que je le vois j’ai  vraiment envie de l’aider.
Sur son visage chafouin  se dessine une grimace de dégoût :
- Putain,  en plus y m’ont envoyé une femme !

samedi 25 mai 2013

Palme d'Or au festival de Cannes .

Le chat est un peu troublé... La souris a voulu lui faire croire qu'elle prenait le thé ce qui l'aurait classée parmi les prédateurs haut de gamme et mise hors de danger. Mais quelle idée farfelue  d'avoir accompagné l'élégant breuvage d'un morceau de gruyère  comme ceux qui veulent tricher sur leur véritable personnalité et qui finissent toujours par se trahir par un détail qui dénonce leur nature profonde !
J'ai arrêté le film  à l'instant du suspense maximal .
Le drame qui suit n'est pas à montrer aux âmes sensibles.

Pour ceux qui voudraient cependant visionner l'ensemble de l’œuvre il s'agit de :
" Chaîne alimentaire", le film magistral de Lard von Treets.
Certains critiques acerbes on dit que le film était plus alimentaire que magistral ; mais les critiques on sait que ce sont souvent des crève la faim !


dimanche 19 mai 2013

Energie perdue .

Autrefois c'était un exercice utile :
Ma grand-mère me faisait danser  ainsi sur le parquet de bois avec des patins imbibés de cire ...






Pov'Mamie...

samedi 18 mai 2013

Une petite semaine de vacances...


Nous les bolosses des R T T,
on a attaché le chien à un arbre au bord de la route et Mamie suit comme elle peut!

Hasta luego !!





jeudi 16 mai 2013

Je est ( parfois) un autre .




J’ai une réelle admiration pour les écrivains qui parlent d’eux-mêmes, avec talent ou non. Ce matin j’ai lu chez un bloggeur particulièrement apprécié qu’il ne voulait pas de commentaire à son texte; cela se comprend parfaitement; c'est celui d’un écorché vif.
On a beaucoup commenté cette forme de littérature avec des termes qui vont de  "lucidité", et de  "catharsis" en passant par  "nombrilisme". Il faut reconnaître que c’est parfois une protection pour l’écrivain qui  défend  sa plume en arguant : le sujet c'est moi ; c’est du vécu;  donc, rien à redire.Certains, à la première personne, s'inventent un destin, d’autres particulièrement sincères s'exposent à tous les dangers nous racontant leur vie.
Quand il est honnête avec lui-même l'auteur met en jeu son égo et sa sensibilité en se donnant ainsi en pâture au lecteur, à la critique.
J’ai vu des amis « écrivants » fondre en larmes quand, après la lecture qu’ils faisaient de leur texte les auditeurs se permettaient quelques remarques, même très éloignées du thème exposé, ne concernant par exemple que la forme. Et, en défense disproportionnée avec ces remarques anodines:
- Vous comprenez ...il s’agit de la mort de ma mère... d’un conflit avec mon fils... d’une guerre que j’ai vécue…
Quand on met son cœur, ses tripes à l’air il faut s’attendre à des réactions  perçues comme blessantes même dans leur innocence !
Il y a ceux qui sont forts, s'impliquent entièrement et ne souffrent pas de ce que peuvent ressentir les lecteurs avec leur propre vécu et leurs analyses parfois cruelles.
Et puis il y a les autres . Les autres se cachent derrière l’incognito de personnages plus ou moins plausibles mais exonérateurs de toute responsabilité et souffrance . D’éminents psy ont décrit ces phénomènes .
Tiens, à propos de psy il me revient en mémoire…

Deux amis se rencontrent :
-Je suis très ennuyé j’ai des incontinences nocturnes …
-Ce n’est pas grave va voir un piscologue il te guérira.   Quelques temps après :
-Alors tu as vu le piscologue ?
-Oui, mais ça n’a rien donné.
-Alors, essaye un piscanalyste.  Nouvelle rencontre ;
-Dis moi ça va mieux maintenant ?
- Hélas non.
- Prend rendez-vous avec un pischiatre.   Au bout de quelques jours l’ami est tout étonné et ravi de la mine réjouie de son compère.
- Mais je vois que ça a marché , tu n’a plus d’incontinences ?
- Je suis soulagé d’avoir consulté le pischiatre, je pisse toujours au lit mais maintenant je m’en fous ! !








mardi 14 mai 2013

Pentecôte de zotos en côte.

                                                                  Les zozos sont au balcon.









Les zotos sont au virage.






 D’autres zozos font bravo



 Y fait pas beau; mais ya partout:


          Des belles zotos.





                                        Des vieilles zotos.






 Des zotos pour les petiots.

Y' en a pour les joyeux ;
Y' en a pour les râleux...
Pour les rigolos 
Et les écolos :


lundi 13 mai 2013

Pour chanter avec...Alma!


Audiard les appelait les vaches...




Un gars a mis une annonce pour vendre sa voiture. Il a collé, comme beaucoup le font, une affiche sur sa lunette arrière avec son N° de portable.
Il se rend au boulot seul au volant et roule tranquillement à 50 km/heure, soudain le téléphone sonne, il décroche :
- Bonjour Gendarmerie nationale, on est juste derrière vous, vous savez que c'est interdit de répondre au téléphone en conduisant. Veuillez vous ranger sur le bas côté !

Et M...iel !

dimanche 12 mai 2013

Travail du dimanche.




 Aujourd’hui je conduis le funiculaire.





On peut penser que ce n'est pas un Boeing et qu'il n'y a qu'à suivre les rails...
Faut tout de même ne pas glisser dans la baille...






 ni tamponner le wagon montant.


 La prochaine fois je mettrai des géraniums au balcon .



vendredi 10 mai 2013

La vieille France.






Le René et sa femme Adrienne avaient emménagé depuis l’an dernier  au second étage d’un immeuble ; plus que neuf, inachevé.
Cet édifice hideux à la prétention architecturale offensante sur cette superbe promenade en bordure de Méditerranée était un de ces prototypes de la folie immobilière qui  avait saisi l’Espagne en ses années fastes !
Achetés ou loués avant d’être terminés. Les  agences immobilières qui se multipliaient proposaient à des prix imbattables des vastes superficies,  des aménagements modernes qui sentaient le plâtre humide et la sève des pins  fraichement sacrifiés dans les huisseries. Ces ensembles de barres inesthétiques se dressaient sur des espaces en chantier ou les tas de sable voisinaient avec les brouettes et les bétonnières dans un fouillis de ferrailles diverses …
Par contre le parking du complexe, encore dépourvu de barrière, était soigneusement aménagé, les promoteurs, dans leur voracité, comptant sur une clientèle plus intéressée par la sécurité de son véhicule que par des massifs fleuris.
C’était bien pensé.
Le bloc où résidaient René et Adrienne était habité au fur et à mesure de l’avancée des travaux par des retraités français affamés d’espace et de soleil, heureux d’avoir troqué leur minable deux pièces de banlieue contre cent- cinquante- mètres- carrés-bordure- de- mer qui ne leur coûtait pas plus cher ! Ils étaient là si nombreux que cet espace communautaire avait été baptisé par les autochtones « La vieille France ».
Certains de ces couples âgés s’étaient parfaitement intégrés à la vie locale, les messieurs, nationalités confondues discutant politique se retrouvant al Casino , les dames échangeant des recettes de cuisine et les photos de leurs petits- enfants . Ces retraités louaient  la gentillesse des habitants, les horaires fantaisistes, les tapas, les brazos de gitanos,  et la cerveza San Miguel… Les grands- pères partageaient les parties de pêche et les grands-mères ne pouvaient plus se passer  du paseo à la fraiche, bras- dessus, bras-dessous  en suçant des sugus….

René et Adrienne étaient d’une autre espèce, de ceux qui ne s’intègrent pas, amènent avec eux leurs idées bornées, leurs petites manies qui se traduisent en critiques imbéciles d’une incommensurable mesquinerie.

René passait ses journées en faction au balcon au-dessus de « son » parking en interdisant l’entrée à grands cris et gesticulations. Les seuls mots d’espagnol qu’il avait appris étaient privado et prohibido.Il les hurlait à longueur de journée.
Un voisin d’étage avait demandé à Adrienne, mi-sérieux, mi-goguenard, si son mari avait été adjudant dans l’armée ou était retraité de la police…Mais non rien de semblable, seulement il succombait à un défoulement d’autorité rentrée au bout d’une vie passée, en public et en privé, à courber l’échine.
Dans l’ensemble les résidents, mis à part quelques oreilles délicates, se satisfaisaient de cette manie qui préservait leur bien commun de toute intrusion étrangère.
Tous les matins le René prenait position jouissant particulièrement les dimanches d’affluence de refouler les automobilistes qui ne pouvaient pas se garer sur la promenade.
Ses vieilles mains osseuses s’agrippaient  à la rambarde du balcon avec la même énergie terminale que les serres d’un oiseau mort sur une branche.
- Non, Non, interdit !!  Le parking est PRIVADO ! Stationner  PROHIBIDO !
C’était sa vie à ce vieil homme d’observer ceux, qui, penauds s’excusaient d’un geste pacifique, ceux qui repassaient l’entrée sans rien dire, ceux qui s’offraient avant de repartir le luxe d’un doigt d’honneur…
Après déjeuner et une courte sieste il reprenait sa faction gueulant à pleins poumons : PRIVADO, PRIVADO ! PROHIBIDO !
Cet après-midi il était particulièrement excité par l’abus du vin local, qu’il traitait de bibine mais éclusait par bidons de cinq litres. Accroché sur son balcon, le torse projeté vers l’extérieur il avait repris ses invectives de plus belle.
Un quatre-quatre luisant de toute sa noire carrosserie, entrait sur le parking et se garait juste sous le balcon de René, quelle audace !
Les bras en moulin à vent et les cris furieux  le René vociférait :
- Sortez tout de suite, parking PRIVADO !! 
Emporté par son élan colérique il passe par-dessus le balcon et va s’écraser juste devant le mufle impassible du superbe véhicule. Désarticulé, il git dans une mare de sang. Attroupement, cris divers. Adrienne, accourue en larmes toute  tremblante tient la main de son mari agonisant :
-Je t’en prie, je t’en supplie, dis- moi quelque chose … et dans  son dernier  souffle, René :
 -…Prohibido…   privado...