jeudi 25 novembre 2010

Noces paradoxales.

Le carillon de la cathédrale égrène ses notes cristallines dans l’air chargé d’un brouillard étouffant.
C’estunmariage.
L’intérieur de l’édifice, baroque à souhait, conjugue la légèreté de ses piliers avec la lourdeur de l’autel en bois doré.Minette assise face au prêtre officiant arbore un visage recueilli sous son voile fleuri .Elle aurait dû aller chez le podologue et soigner ce cor qui lui met de tendres larmes aux yeux, serré qu’il est, dans ses ravissants souliers de torture.
A côté d’elle Lulu tout rouge de l’émotion que lui procure sa chemise empesée mal garée dans son slip kangourou fait mentalement le décompte des bouteilles de bordeaux du Postillon.Il n’y en aura pas assez surtout avec le gentil tonton Gégé qui les descend comme une brute.
Cocotte le témoin de Minette penche pieusement le nez dans son missel au-dessus de la page vierge où elle a inscrit la liste de ses amants.Elle a une pensée chrétienne pour tous ceux qui l’ont gaillardement honorée.
Les beaux parents extrêmement laids, chacun à sa façon, réfléchissent avec la tendresse des vieux couples à la scène sanglante qu’ils se feront ce soir pour réveiller des ardeurs refroidies.
_Levez-vous ordonne benoîtement le curé congolais la mine enfarinée.
C’est l’échange des alliances L’horrible chérubin présente sur le coussin de velours les alliances de diamant en verre véritable achetées par le marié chez Auchan. Le gamin est tout heureux d’avoir fait pipi dans sa culotte de satin ; il aura gagné à la fin de la cérémonie une joyeuse fessée libératoire
.
Descendant l’allée centrale Minette sourit au bras de Lulu consterné : c’en est fini de sa liberté !
Sous le porche de l’église ils échangent un doux baiser empoisonné par les regrets définitifs de Lulu .
Le riz du bonheur se colle méchamment sur le voile de la mariée radieuse d’avoir harponné un bonhomme.
Les portes d’une atroce félicité s’ouvrent devant eux.


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