lundi 29 novembre 2010

defifoto

Jim Jarmusch en plan" plongée"...




Absence

Tu es parti,
L’après midi je m’enfonce dans les coussins moelleux de mon fauteuil profond.

Je prends mon tricot, c’est une écharpe à rayures, du bleu marine, du bleu ciel, masculine. J’intercale une ligne blanche au point de riz. Difficile. Je me trompe, alors je défais quelques rangs et je recommence. Mon regard est captif de la danse des aiguilles rythmée par leur tic-tic métallique. Sur le haut des tiges qui se dédorent, en relief, un No, le 4, c’est une faute de goût qui m’obsède, j’aurais dû prendre du No3 ; le travail aurait été bien plus fin ! Je compte les rangs, et dans les rangs les points : une maille à l’endroit, une maille à l’envers…

A l’étage au dessus Lucette épèle laborieusement « La lettre à Elise », des sons discordants et le piano cale toujours au même passage…..

C’est le moment du goûter de M. Gustave, l’odeur puissante de sa chicorée envahit mon espace. Non, l’étourdi, il a oublié de retarder sa pendule comme chaque année à l’automne ; il n’est encore que 3 heures !!
Une maille à l’endroit, une maille à l’envers…

Tu es parti.
Ton visage inoubliable ; le sourire apaisé, maintenant, avec tendresse sur l’épaule nue de Robert.


HAIKU

L’heure s’étire
Mes mains noyées dans la laine
Tu es parti

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dimanche 28 novembre 2010


Chère amie Al, j'ai cet après- midi extirpé le chat de ta gorge, il s'est aussitôt remis au chaud...soigne toi bien. Manouche.

humaines contradictions

LIBRE ARBITRE

Je suis maitre de moi, esclave obéissant
De nature d’amours et de haines mêlés.
Intentions libertaires, dépendance profonde
Prétention de raison sombrant dans la folie.

Songes légers lestés d’impondérables
Décisions virtuelles d’avenirs hésitants
Volonté d’harmonie amenant au chaos
Sort cruel de chacun dans son humanité.

Destinée ambitieuse d’un chemin de hasard
Jamais réalisée et si souvent rêvée !
Tentation de droiture aux méandres obscurs
Complexité sans fin d’une vie ordinaire.

Puissance de l’orgueil et modestie rebelle
Se vouloir chêne, être roseau pensant,
Pliant au souffle de passions mortelles
Sublime création, minuscule vivant.

Fierté du réalisme simplicité fictive
Comment changer le cours d’un futur immobile ?
Sculpter le roc et bâtir sur le sable,
Ou faire de l’échec sa réussite amère ?

vendredi 26 novembre 2010

Chanson ...d'amour immortelle

Chantée par Lys Gauty, Jean Lumière, Gaingsbourg, Claude Nougaro...

Las de t'attendre dans la rue,
J'ai lancé deux petits pavés,
Sur tes carreaux que j'ai crevés,
Mais tu ne m'es pas apparue,
Tu te moques de tout je crois , Tu te moques de tout, je crois.

Demain je t'en lancerai trois,
Par devant ta porte cochère,

Pour faire tomber tes amis,
Trois et quatre pavés j'ai mis ,
J'exècre tes amis ma chère,
Demain je recommencerai, Demain je recommencerai,

Et tes amis je les tuerai,
Si tu ne changes pas d'allure,
J'écraserai tes yeux ton front,
Entre deux pavés qui feront,
A ton crâne quelques fêlures,
Je t'aime, t'aime bien pourtant, Je t'aime, t'aime bien pourtant,

Mais tu m'en as fait tant et tant,
Les gendarmes en cavalcade ,

Me poursuivront après ce coup,
Pour m'attacher la corde au cou,
Je me bâtis ma barricade ,
Et sur les pavés je mettrai, Et sur les pavés je mettrai,

Mon coeur durci par le regret
Autant de pavés par le monde,

De grands et de petits pavés,
Que de chagrinins encavés,
Dans ma pauvre âme vagabonde,
Je meurs, je meurs de tout cela, Je meurs, je meurs de tout cela,

Et ma chanson s'arrête là.

Coup de coeur.

Qu’est-ce qu’une voix intelligente ?
Ce matin Luc Ferry et Axel Kahn débattaient avec des auditeurs à propos de leur ouvrage commun « Faut-il légaliser l’euthanasie ? »chez Odile Jacob..
Sur ce sujet plus que délicat ils ont su trouver des arguments pertinents et répondre à des personnes dont on pouvait comprendre la peine( s’exprimant dans une rare violence), avec un calme et une courtoisie admirables. Opposés à la légalisation ils ont exposé leur point de vue avec fermeté, en restant ouverts au dialogue .La controverse a pu ainsi être développée dans ses moindres détails.
Ces deux hommes sont parmi les plus brillants de nos contemporains, mais sans doute les seuls capables d’une telle qualité d’écoute .Quant à leur qualité d’expression, elle ne peut que susciter l’admiration…la voix de Luc ferry est d’une harmonie absolue, celle d’Axel Kahn plus rapide recèle dans sa trame l’étincelle d’humour propre à tous les Kahn…
Il y a des jours ou on se félicite de ne pas être sourd !

jeudi 25 novembre 2010

Noces paradoxales.

Le carillon de la cathédrale égrène ses notes cristallines dans l’air chargé d’un brouillard étouffant.
C’estunmariage.
L’intérieur de l’édifice, baroque à souhait, conjugue la légèreté de ses piliers avec la lourdeur de l’autel en bois doré.Minette assise face au prêtre officiant arbore un visage recueilli sous son voile fleuri .Elle aurait dû aller chez le podologue et soigner ce cor qui lui met de tendres larmes aux yeux, serré qu’il est, dans ses ravissants souliers de torture.
A côté d’elle Lulu tout rouge de l’émotion que lui procure sa chemise empesée mal garée dans son slip kangourou fait mentalement le décompte des bouteilles de bordeaux du Postillon.Il n’y en aura pas assez surtout avec le gentil tonton Gégé qui les descend comme une brute.
Cocotte le témoin de Minette penche pieusement le nez dans son missel au-dessus de la page vierge où elle a inscrit la liste de ses amants.Elle a une pensée chrétienne pour tous ceux qui l’ont gaillardement honorée.
Les beaux parents extrêmement laids, chacun à sa façon, réfléchissent avec la tendresse des vieux couples à la scène sanglante qu’ils se feront ce soir pour réveiller des ardeurs refroidies.
_Levez-vous ordonne benoîtement le curé congolais la mine enfarinée.
C’est l’échange des alliances L’horrible chérubin présente sur le coussin de velours les alliances de diamant en verre véritable achetées par le marié chez Auchan. Le gamin est tout heureux d’avoir fait pipi dans sa culotte de satin ; il aura gagné à la fin de la cérémonie une joyeuse fessée libératoire
.
Descendant l’allée centrale Minette sourit au bras de Lulu consterné : c’en est fini de sa liberté !
Sous le porche de l’église ils échangent un doux baiser empoisonné par les regrets définitifs de Lulu .
Le riz du bonheur se colle méchamment sur le voile de la mariée radieuse d’avoir harponné un bonhomme.
Les portes d’une atroce félicité s’ouvrent devant eux.


dimanche 21 novembre 2010

Prince Charmant
Au bois la Belle a Cent ans
Prince fuyant...


Pas le moral avec un noir déluge dominical!

samedi 20 novembre 2010


L'automne à Nankin.




La dame aux camélias.


Un peu "demeurée" c'est maintenant que je m'amuse carrément avec une "partie carrée", un"carré gagnant", et un carré de douceurs"...








Musée archéologique d'Eauze.(Gers-France).


A la sortie de la fac de lettres, un couple dépareillé, le jeunot, tout petit, le visage radieux levé vers sa longiligne ravissante compagne:
-Tu viens jouer à la marelle sur l'autoroute ? !!!!

Sûrement un langage codé, qui m'en donnera la clef?
Aube gelée
le chat noir gratte sa puce
sans mémoire.

vendredi 19 novembre 2010

Solitude

Te acostaré en la tierra , soledad, con una
dulcedumbre de madre para el hijo dormido,
y la tierra hay de hacerse suavidades de cuna
al recibir tu cuerpo dolorido Gabriela Mistral.

jeudi 18 novembre 2010

L'heure s'étire
Mes mains se noient dans la laine
Tu es parti.

mercredi 17 novembre 2010

Nos ancêtres fameux.

Gerbert d'Aurillac est le héros multiforme d'un extravagant roman historique.
Après un séjour en Espagne (967-970) où il découvre la numérotation décimale, les chiffres arabes, et une nouvelle façon de faire des opérations, il écrit de nombreux traités .Quel politique , réussissant à travailler comme précepteur du fils d'Otton Premier ,en étant à Reims le secrétaire d'Hugues Capet ! J'oubliais: à Reims.... où il est archevêque contre l'avis du pape Jean XV ....Son ascension dans la hiérarchie ne s'arrête pas là .Il devient pape à son tour ; le fameux pape de l'An Mille ,Sylvestre II c'est lui!
Quel destin incroyable!

vendredi 12 novembre 2010

pour les poètes

Yo te quiero verso amigo,
Porque cuando siento el pecho,
Ya muy cargado y deshecho,
Parto la carga contigo.
.....................................

Jose Marti.

jeudi 11 novembre 2010

ma langue

Nous sommes des amis de trente ans. . Capable du meilleur comme du pire, ce n’est pas une langue de bois. Depuis quelque temps ma langue si agile ne supporte plus le repos .Je baille .Elle tourne sept fois sur elle même et saute sur la table. Un clin d’œil complice, un coup de rein musclé ; comme d’habitude elle passe par la fenêtre. Je sais où elle veut m’entraîner. Facile à suivre à l’odeur de dentifrice mentholé.
La poste :
Quatre langues desséchées sont alignées entre les tampons encreurs et les post It.
_ Comment va les copines ?
_ Mal, ma jolie, nos propriétaires au chômage ne nous reprendront pas .Plus rien à lécher, ni rabat d’enveloppe ni dos de Marianne.
_ Et la nouvelle, toute verte ?
Elle est au stagiaire, puni pour manque de pratique du langage administratif….. Tu en as de la chance d’être dans le privé !
Ma langue rosit de joie, et part en se tortillant. Pour être sure que je ne la perds pas elle sème quelques papilles .Maintenant elle va se tremper dans le café de la concierge qui est une langue de vipère. Elles vont encore se moquer de ce pauvre Bernardo et de sa langue morte !
Enfin, férue de langues étrangères, elle ne manque pas l’arrêt dégustation chez le glacier italien .Voracité sur le tutti frutti.
C’est la dernière étape ; elle se glisse en douceur dans la bouche de ma ravissante amie.
Coquine, elle attend, bien au chaud, que je la récupère.

samedi 6 novembre 2010

La Fanette



La Fanette
Jacques Brel

Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et dormait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Combien pour la Fanette j'ai chanté de chansons

Faut dire
Faut dire qu'elle était belle
Comme une perle d'eau
Faut dire qu'elle était belle
Et je ne suis pas beau
Faut dire
Faut dire qu'elle était brune
Tant la dune était blonde
Et tenant l'autre et l'une
Moi je tenais le monde
Faut dire
Faut dire que j'étais fou
De croire à tout cela
Je le croyais à nous
Je la croyais à moi
Faut dire
Qu'on ne nous apprend pas
A se méfier de tout

Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et mentait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Comment pour la Fanette s'arrêta la chanson

Faut dire
Faut dire qu'en sortant
D'une vague mourante
Je les vis s'en allant
Comme amant et amante
Faut dire
Faut dire qu'ils ont ri
Quand ils m'ont vu pleurer
Faut dire qu'ils ont chanté
Quand je les ai maudits
Faut dire
Que c'est bien ce jour-là
Qu'ils ont nagé si loin
Qu'ils ont nagé si bien
Qu'on ne les revit pas
Faut dire
Qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre chose

Nous étions deux amis et Fanette l'aimait
La plage est déserte et pleure sous juillet
Et le soir quelquefois
Quand les vagues s'arrêtent
J'entends comme une voix
J'entends... c'est la Fanette